Mort de Lucas : les élèves poursuivis pour 'harcèlement ayant entraîné le suicide' relaxés
Masterweb
13.11.2023 11:07Source de l'article: Source
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Poursuivis pour des faits de "harcèlement ayant entraîné le suicide", de Lucas, 13 ans, qui a mis fin à ses jours le 7 janvier 2023, chez lui à Golbey (Vosges), quatre mineurs, deux filles et deux garçons, ont été relaxés ce lundi 6 novembre par la cour d'appel de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Une décision reçue comme un choc par la famille du jeune disparu.
Poursuivis pour des faits de "harcèlement ayant entraîné le suicide", de Lucas, 13 ans, qui a mis fin à ses jours le 7 janvier 2023, chez lui à Golbey (Vosges), quatre mineurs, deux filles et deux garçons, ont été relaxés ce lundi 6 novembre par la cour d'appel de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Si dans sa décision, consultée et citée par l'Agence France-Presse (AFP), la cour pointe le caractère "odieux" des propos que les jeunes prévenus avaient tenu à l'égard du collégien, "entre le 1er septembre 2022 et début octobre 2022", elle relève "l'absence d'effet démontré" de leur comportement "sur la santé mentale de Lucas". Et conclue donc à l'absence "de lien de causalité" entre leurs propos et le suicide de Lucas.
Pour rappel, dans leurs auditions suivant le drame, les proches de Lucas avaient dénoncé "des faits de harcèlement commis par des élèves de son collège, en raison de son homosexualité, depuis plusieurs mois", indiquait le procureur de la République, Frédéric Nahon, dans un communiqué.
La mère de Lucas se serait dite "choquée" face à cette décision, indique l’avocate de la famille du collégien, dans un communiqué de presse relayé par BFMTV. Les proches de Lucas déplorent que "l'analyse purement juridique" conduise à "un constat d'impuissance qui conforte chacun dans ses positions".
"Nous étions sur un débat purement juridique : il y a absence d’éléments qui caractériseraient le harcèlement. C’est une infraction spécifique qui répond à un certain nombre de conditions, il y avait donc pour nous un défaut de qualification de l’infraction, ce que nous avons soutenu depuis le début", a déclaré à l'AFP Me Emmanuelle Larrière, avocate de la défense, qui, avec trois confrères, avaient fait appel de la décision de justice, rendue le 5 juin dernier, par le tribunal pour enfant d'Epinal, proche de la commune de Golbey.
En première instance, les quatre élèves avaient été reconnus coupables de harcèlement scolaire, mais déjà, aucun lien de causalité entre ces faits et le suicide de Lucas n’avait été établi. Des mesures éducatives avaient été prononcées à leur encontre.
"Le système judiciaire, aujourd'hui, ne répond pas à la réalité vécue par les victimes de harcèlement qu'il convient de protéger", estime de son côté l'avocate de l'entourage de Lucas. Pour elle, les contours de l'infraction de harcèlement scolaire "doivent être précisés". Elle informe que, pour ces raisons, la famille "étudie (...) un éventuel pourvoi". À compter du 6 novembre, le ministère public dispose d'un délai cinq jours s'il entend se pourvoir en cassation.
Lucas mis fin à ses jours, chez lui, à Golbey, près d’Épinal dans les Vosges, laissant une lettre derrière lui. Une enquête préliminaire avait alors été ouverte pour harcèlement sur mineur de moins de quinze ans par le parquet d'Épinal, afin d'"établir la réalité des faits dénoncés et le lien de causalité avec le suicide".
Le 12 janvier, sur Twitter depuis devenu X, le Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse d'alors, Pap Ndiaye, réagissait au suicide du garçon. "Toutes mes pensées vont à Lucas, élève au collège L. Armand à Golbey, sa famille et ses amis. Je pense à tous les élèves comme lui harcelés : leur désespoir fonde ma détermination à empêcher toute forme de harcèlement. Aucun enfant ne doit trouver comme issue ultime le suicide." Puis au Sénat, il déclarait avec émotion : "Quand un enfant met fin à ses jours, il n’y a pas de mots pour dire le chagrin, la douleur."
Plus de 500 personnes participé à une marche blanche, le 5 février dernier, à Épinal. Parmi les hommages, celui de son club de danse et de sa petite-sœur, qui ont réalisé une chorégraphie sur les paroles de "Kid" d'Eddy de Pretto, qui alerte sur le poids de la virilité abusive. L'artiste LGBT, victime d'un cyber-harcèlement homophobe, avait partagé sur ses réseaux sociaux leur performance et adressé "toutes [s]es condoléances aux proches et à la famille de Lucas".
Ce mardi 7 novembre, France 2 consacre une soirée spéciale ("Harcèlement scolaire : briser le silence"), animée par Faustine Bollaert, au fléau du harcèlement scolaire, qui toucherait près d'un million d'enfants chaque année, soit 6 à 10 % des élèves. Des reportages et des témoignages de quatre victimes seront diffusés à l'antenne, deux jours avant la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
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